Enterre-Moi Mon Amour : Vitry-sur-Seine - Val-de-Marne - Théatres

Enterre-Moi Mon Amour est l'adaptation au plateau de la conversation What's App d'une famille syrienne pendant le trajet de deux d'entre eux vers l'Allemagne

Dana et Kholio ont quitté Damas samedi 19 septembre. Direction l'Europe. Kholio laisse derrière lui sa femme, Mimoty, qui est également la petite sœur de Dana. Cette odyssée, ils lui en feront partager minute par minute les doutes et les avancées, avec le service de messagerie WhatsApp. Un journal de bord également suivi par la mère de Dana, Mön, sa grande sœur, « Lou£ou », et des amis, notamment Khaled (« 5aled »), Nawar, Haya et Alia. L’objectif : atteindre l’Allemagne et y retrouver Nash, le frère de Dana.

Le 23 décembre 2015, Lucie Soullier publie dans les Grands Formats du journal Le Monde, un article intitulé « Le Voyage d’une migrante syrienne à travers son fil WhatsApp. »

Cet article restitue, contextualise et met en forme les 203 captures d’écran que la jeune Dana (Dont le pseudonyme reprenant ses initiales est Dash dans l’article), migrante syrienne alors en route vers l’Allemagne, lui a confiées.

Ces captures témoignent, à travers le fil de conversation WhatsApp qui la lie à sa famille, des 12 jours de son voyage vers l’asile.

Un soir de décembre 2015 je découvre sur Lemonde.fr l’article de Lucie Soullier : « Le voyage d’une migrante syrienne à travers son fil whatsapp ». Le fond comme la forme, tout me passionne et me bouleverse.

Au fil de ces échanges numériques, les réalités de l’exil qui me sont si lointaines se mêlent aux échanges quotidiens d’une jeune fille de 24 ans, Dana, à laquelle je m’identifie immédiatement.

Son quotidien est fait d’angoisse et d’espoir, de passeurs et de gardes frontières mais aussi de famille, d’amis, de football et de Burger King.

Il m’apparait évident que ce journal de bord a sa place sur un plateau de théâtre ! Ces centaines d’échanges sont autant de fragments du réel qui construisent une dramaturgie singulière et émouvante ; un récit qui, sous des allures faussement anodines, nous rend compte d’une odyssée tristement contemporaine.

Je contacte alors Lucie Soullier. Enthousiasmée par le projet, elle accepte de me mettre en relation avec Dana.

C’est sous le regard à la fois étonné et bienveillant de cette jeune syrienne désormais réfugiée en Allemagne que je commence à chercher un point d’entrée vers ce spectacle, à m’interroger sur la manière dont je peux restituer sur une scène la richesse narrative de ces échanges virtuels aux formats et aux registres si divers. Ces interrogations m’amènent à rêver un spectacle où couleurs, images projetées, images papier, extraits sonores, mots, voix et corps coexistent comme une partition polyphonique.

Je décide alors de m’entourer d’un artiste numérique : Benoît Lahoz et d’une photographe Caroline Gervay. Ensemble nous allons numériser, interroger, développer et dire ces centaines de messages échangés entre Dana et sa famille.

Nous allons tordre WhatsApp dans tous les sens, pour proposer une écriture transversale qui racontera l’exil vécu par Dana et Kholio, son beau frère. Leurs doutes, espoirs et peines, leur Europe fantasmée et l’amour qui n’a pas de frontière.