Avec ces matériaux
bruts, l’artiste évoque cette fois des figures d’enfants absorbés dans leurs
jeux, au milieu de nuées d’oiseaux qui pourraient bien être des pigeons
voyageurs.
L’artiste fait de
cette figure de l’enfant joueur une allégorie de la vie elle-même, à l’instar
de Nietzsche qui en parle ainsi dans le premier discours qu’il prête à son
prophète Zarathoustra : « Pourquoi faut-il que le lion féroce
devienne enfant ? L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu,
une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement » (Ainsi parlait
Zarathoustra, « Les trois métamorphoses »).Les figures d’enfants
joueurs apparaissent chez Katanani dès ses premiers travaux à la fin des années
2000. Ils s’y livrent à toutes sortes de jeux, qui sont comme un inventaire
inépuisable des activités auxquelles un enfant peut se livrer dans les
rues : cerceau, ruban, saut à la corde, cerf-volant, course en sac,
ballon, etc. Une série ouverte et encore en cours à ce jour chez l’artiste.
Pourquoi cet intérêt
récurrent pour le jeu chez Katanani? Le jeu peut aussi désigner un espace, comme
lorsque l'on dit qu'une porte ou une fenêtre ont « du jeu ». Le jeu est
cet espace de liberté et de créativité qui permet d'appréhender le monde, les
tensions qui l’organisent et les forces qui le traversent. Un endroit où
réinventer et s’approprier le monde.
Abdul Rahman
Katanani est né en 1983 dans le camp de réfugiés palestiniens de Sabra, au
Liban. Il est diplômé d'un Master de l'Ecole des Beaux-Arts de Beyrouth. En
2009, il est récompensé par le prix Young Artists au Salon d'Automne organisé
par le Sursock Museum de Beyrouth. Son travail a été présenté dans de
nombreuses institutions à travers le monde, comme la Biennale d'Abu Dhabi, le
Royal College de Londres, la Fondation Boghossian à Bruxelles, la Cité
internationale des arts ou encore l'Institut du Monde Arabe à Paris. Abdul
Rahman Katanani est actuellement programmé dans la Saison d’art 2021 du Domaine
de Chaumont-sur-Loire, pour laquelle il a réalisé une installation in situ dans
le parc du Domaine. Ses œuvres sont présentes dans des collections publiques
(Mathaf, Doha) et privées.
(*) : Les manifestations pouvant être supprimées, annulées, ajournées, prenez contact avec les organisateurs avant de vous déplacer.